L’agnostique.

DSC_3165Pour ceux qui ne connaitraient pas la définition et leur épargner une recherche dans le dictionnaire, je rappelle qu’un agnostique est celui qui doute de l’idée de Dieu. Ce n’est pas un athée, il se questionne sans jamais trouver la réponse. C’est pourquoi, j’avais pris l’habitude de dire qu’un agnostique se préoccupe plus de l’idée de Dieu que le commun des croyants. Le doute est rongeur avec sa quête permanente de savoir plus que de croire d’où son perpétuel questionnement. Alors de guerre lasse, il lui arrive de penser que cette idée le dépasse pour ne plus s’en préoccuper sans jamais devenir un athée.

On croit sans jamais savoir en étant perché au bout de la persuasion sans aucune conviction*.

Je m’étais pourtant marié à l’église par conformisme, pour faire plaisir à mes parents et surtout à ma tante avec et grâce à laquelle j’ai vécu mon passage de croyant à agnostique. Je ne regrette rien. Elle qui avait pris le pli de vivre le don d’ubiquité du tout puissant en le transportant partout avec son chapelet dans la poche, ne pouvait manquer ce jour. Je ne voulais pas lui infliger une tristesse. J’avais rencontré un curé compréhensif qui a accepté de me marier sans me confesser et sans passer par la communion. Ne pas croire et faire plaisir au croyant ne me dérange pas. En revanche lorsque je me retrouve face à moi-même, je préfère rester conforme à mes idées. Lors d’un enterrement, j’ai une pensée pour la personne disparue, je me replonge dans le souvenir mais préfère ne pas me mêler à l’office funéraire.

Il y a quelques jours, j’ai reçu un message d’un ami Facebook qui me demandait de lui faire une photo de Saint Jean Baptiste qui se trouve juste à gauche à l’entrée de l’église Lévie. Je n’y voyais aucun inconvénient. Je m’y suis donc rendu en compagnie de la personne qui possède le sésame car la porte est fermée à clé les jours ordinaires sans office.

Lorsque je suis passé devant l’autel, toute mon enfance m’est apparue d’un seul coup. Rien n’avait changé, tout était à la même place. Le curé était là, mon ami Antoine parti très jeune était là aussi. Ma tante était là, je la voyais entrer dans le clocher pour y sonner le glas. Je la voyais allumer les cierges haut perchés avec sa mèche au bout d’une canne puis les éteindre avec les étouffoirs. Je sentais l’odeur de la cire chaude et de l’encens comme si le temps s’était figé. Ils étaient tous là et les muscles horripilateurs s’étaient fédérés se contractant pour hérisser les poils de mes avant-bras. Un frisson me parcourut le corps et je suis resté un long moment à imaginer tous ces fantômes. Le temps n’avait rien effacé.

N’allez pas croire que ce jour-là je fis volte-face. J’ai bien compris qu’il s’agissait de la résurgence de rapports humains dont j’étais, sans aucun doute, le moteur à cet instant. Il me plaisait de me souvenir et l’endroit s’y prêtait, je n’y avais plus mis les pieds depuis si longtemps. Le souvenir sans doute était à l’origine de ce frisson comme si le carpe diem me commandait de faire un tour dans les souvenirs pour donner plus de saveur au présent. Un aller/retour entre hier et aujourd’hui pour mieux goûter un parcours de vie. J’ai été celui-là dont le parcours a fait celui-ci, une manière de recoller les morceaux.

Je n’ai pas l‘habitude de parler d’un Dieu que je ne connais pas et ne parlerai jamais à sa place. Ni pour le soutenir, ni pour le vénérer. Un être hors du temps et de l’espace a-t-il besoin d’être soutenu et vénéré ? S’il existe, tout puissant tel qu’on le pense, aucun souci pour personne, croyant, athée ou agnostique…

J’ai fait le choix de regarder le temps qui passe et que je vois passer sans en perdre une miette. Je passe aussi. Mon temps est l’ici et maintenant avec des incursions dans le passé si j’estime que cela donne plus de goût au présent. A la demande, à l’envie mais pas à l’envi…l’après ne m’appartient pas.

Il me plait de rappeler mon aphorisme préféré qui résume mon credo et que j’ai cru devoir formuler : Celui qui a intégré la notion de temps, ne se préoccupe plus du sens de la vie et se passe de l’idée de Dieu. Ceci n’est pas une négation mais un choix de vie dans un temps et un espace qui ne nous permettent pas de résoudre la grande énigme. Je vis et je laisse vivre car très bientôt, il sera trop tard et le temps poursuivra sa course folle sans se soucier du vent ni de ses hécatombes… Faut-il se souvenir que si l’au-delà existe, rien ne viendra d’ici-bas ? La nature naturée et la nature naturante échappent encore à notre entendement. Le « Comment ? » nous livre parfois ses secrets à travers les découvertes et la Science,  le « Pourquoi ? » demeure un questionnement hautement métaphysique hors de portée… Alors je chemine, le nez au vent, tous sens en éveil pour cueillir le maximum de sensations avant de partir sans aucun bagage, léger et content d’être passé ici-bas…

*La persuasion est le ressenti de la croyance, la conviction est le fruit du savoir. Annoncer que l’on est persuadé de quelque chose signifie qu’on le pense sans connaitre  le fond des choses, on croit. Lorsque l’on est convaincu on sait et on peut en apporter la preuve. Etre persuadé de l’existence de Dieu c’est croire tout simplement.

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