« Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait. » vous connaissez le dicton. Confucius a dit mieux encore : « Nous avons tous deux vies, la deuxième commence lorsqu’on réalise qu’on en a qu’une. » En gros c’est cela, je n’ai pas vérifié l’exactitude de l’aphorisme, je gagne du temps pour rester dans la ligne antigaspi de l’épicurien.

Est-il possible d’intégrer cette notion « confuciusienne » en faisant l’économie de sa propre expérience ? Certes non. L’homme a besoin de se frotter à la vie avant de comprendre ses travers, ses futilités, ses coups tordus… Ses rapports aux choses de la vie, les siens propres et non ceux des autres. C’est comme mettre en garde un apnéiste de ne pas descendre trop bas dans les profondeurs marines, il ne serait plus apnéiste.
Le choc fut terrible avec un sanglier qui traversait la route vers minuit. Pourquoi les suidés sauvages sont-ils noctambules ? Pour enquiquiner les fêtards nocturnes, pardi ! Et les paisibles conducteurs qui se sont aventurés tard dans la nuit, aussi, ça tombe sous les sens. Chjachjari ! Foutaise, je plaisante ! La personne a freiné à mort cela lui a sauvé la vie. Le terrible choc ne fut point fatal. En revanche, toute sa vie a défilé dans sa tête, l’activité des neurones a parcouru toutes les synapses en un temps record. Analysé tout le passé. En raccourci, toutes les broutilles de la vie ont cabriolé dans l’esprit. Comment pouvais-je me prendre la tête avec peccadilles, avec choses insignifiantes, aujourd’hui ? Accidenté et friser la catastrophe ça fait Crack ! Boum ! Hue ! Ça remet les idées en place, ça percute le cerveau et tout se pose en perspective, tout se relativise. Après le choc, c’est le chic pour comprendre.

Pour comprendre quoi ? Faut-il friser la mort ou croire qu’elle nous a frisé pour vivre mieux ? C’est ainsi le plus souvent, surtout lorsqu’on est jeune car les vieux se rapprochent de la fin. Vieillir est leur accident sans en être un, en prenant de l’âge, on prend conscience du bout du chemin, inutile de faire le malin. On chope la vie à pleines mains tant qu’on peut. Pas tous les vieux, certains ne quitteront jamais la première vie, que Dieu les bénisse !

La deuxième vie est celle qui met en garde et se méfie des lendemains. Heureux celui qui vit le carpe diem. Mais attention, lui aussi a deux vies, d’abord épicurien, il vise l’hédoniste ou l’hédonisme, c’est comme vous voulez.
Je suis parvenu à ce deuxième stade, il n’y en aura pas de troisième.
Être dans sa deuxième vie, c’est ne plus craindre de partir puisqu’on a intégré le but de la vie, la mort au bout de la rue. De son sens, on s’en passe. Que sommes nous venus faire ici ? Qui le sait ?
N’attendez plus, sautez sur la dernière marche ou faites comme vous l’entendez… On ne parvient pas au bout de l’aventure dans les mêmes conditions mais on y parvient malgré tout… après on ne sait plus rien.
La deuxième vie, c’est la première qui continue, elle s’organise, elle grandit en se leurrant autrement mais la manière nous semble plus satisfaisante…
